Campement des Gayeulles à Rennes (2015), suite et fin

Epilogue d’une errance  de plusieurs mois de demandeurs d’asile somaliens non pris en charge par les pouvoirs publics contrairement aux engagements pris par la France.

Suite de l’article Demandeurs d’asile somaliens en errance à Rennes

8 septembre 2015. Les demandeurs d’asile somaliens refusent une mise à l’abri de 8 jours

 « Un toit, c’est un droit » a été contacté lundi 7 septembre par le responsable de la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations)  qui avouait être bien embêté par la décision du juge administratif de ne rendre son délibéré que dans 1 mois pour les demandeurs d’asile somaliens qui campent aux Gayeulles.
Pour la Préfecture d’Ille et Vilaine, comme pour la Ville de Rennes, c’était plié d’avance, le juge rendrait sa décision dans les 48h et n’accorderait aucun délai.
Ben non… Ce sursis accordé par le TA n’arrange pas la préfecture qui avait prévu une mise à l’abri par le 115 à partir du mardi 8 septembre.
Les consignes transmises par la DCSPP sont les suivantes :
« Vous devez nous transmettre la liste des Somaliens qui occupent le terrain des Gayeulles. Ils pourront appeler le 115, via un numéro dédié, à partir de 11h mardi matin, des places leur seront réservées. Ils recevront également une convocation à se présenter à la préfecture ».
Le responsable de la DDCSPP a précisé qu’il n’avait pas reçu de consigne pour prolonger cette mise à l’abri au delà de 8 jours…
Les demandeurs somaliens ont donc appelé le 115 comme prévu ce matin. Des places leur ont été attribuées à La Guerche, Redon et Vitré pour 8 jours.
Après concertation, ils ont décidé collectivement et unanimement de ne pas accepter cette proposition sans garantie qu’elle soit prolongée au delà de 8 jours. Ils préfèrent donc attendre la décision du TA, par crainte d’être remis à la rue le 15 septembre et devoir rétablir un campement…
Rappel : Ils ont déjà vécu ce scénario fin juin. Ils avaient quitté le campement du Vieux St Etienne, après l’engagement de la préfecture d’un hébergement pérenne. Ils avaient été remis à la rue 15 jours plus tard et avaient été contraints de remonter un campement en centre-ville, dont ils ont été délogés sans ménagement par les forces de police le 3 juillet, avant de s’établir aux Gayeulles.

15 septembre 2015. Le campement des Gayeulles accueille des familles

Six familles, soit 15 adultes et 12 enfants, sont venues rejoindre le campement de fortune des Somaliens aux parc des Gayeulles. Une nouvelle famille avec 4 enfants est annoncée dès demain…
Ces personnes étaient hébergées à  l’hôtel par la Ville de Rennes, dans le cadre du dispositif complémentaire au 115 pour les familles avec enfants mineurs, mais elles ont été remises à la rue en raison pour certaines de leur « comportement inadapté à l’hébergement hôtelier » et de la saturation des hôtels engendrée par les participants au SPACE. Ce salon de l’agriculture mobilise chaque année à la même période l’ensemble des hôtels de la région rennaise.
Nous déplorons le manque d’anticipation de la Ville de Rennes, déjà confrontée l’année dernière à la même situation, et nous demandons l’ouverture d’un lieu municipal pour accueillir temporairement et dignement ces familles.
2 octobre 2015. Le tribunal administratif a donné raison à la Ville de Rennes : les migrants doivent quitter le terrain des Gayeulles.
19 octobre 2015. Après avoir vécu tout l’été sur un campement de fortune aux Gayeulles, les Somaliens ont évacué le terrain le 5 octobre.
Ils ont été relogés par la préfecture dans des hôtels à Redon, Montfort et St Malo.
A la fin de la première semaine, ceux de Redon ont été envoyés à St Malo et ceux de Montfort ont été maintenus dans le même hôtel pour une semaine supplémentaire.
Aujourd’hui ceux de St Malo sont envoyés à L’Hermitage et ceux de Montfort sont remis à la rue.
Ils sont six Somaliens à dormir ce soir au centre social Carrefour 18, qui a accepté de leur ouvrir une salle pour les accueillir, tant que les services de l’État seront défaillants…
septembre-octobre 2015
Source: Un toit c’est un droit