Témoignage de militants à la frontière franco-italienne

Manque de nourriture, de vêtements, violences policières, reconduites à la frontière…. Le quotidien des migrants à la frontière franco-italienne raconté par deux militantes de La Cimade….

Pour répondre à l’appel du Secours Catholique (Caritas en Italie) demandant soutien, nourriture et vêtements pour les personnes arrivant en nombre en ce moment à Vintimille (Italie), nous allons sur place et participons. Notre dernière visite date du vendredi 29 Avril.

Aux abords de la gare, le campement des personnes en transit (qui ne veulent pas demander l’asile en Italie et donc ne sont pas accueillies au centre de la Croix Rouge Italienne) avait été « nettoyé » à 5h du matin (on a leur a même pris leurs couvertures). Les migrants se sont alors repliés sur la plage.

Au local de Caritas, on nous dit que 200 personnes sont là, chaque jour, attendant nourriture, soins et vêtements. Ils sont principalement Soudanais (80%). Les autres viennent d’Erythrée ou d’autres pays d’Afrique. Quatre Syriens sont arrivés il y a deux jours.

Parmi ces 200 personnes, plusieurs mineurs dont un jeune Camerounais de 17 ans qui venait d’être ramené depuis la France à la frontière Italienne sans procédure de ré-admission. Déploiement des forces de l’ordre côté français, nombreuses interpellations et réadmissions en Italie, arrestation de nombreux passeurs.

Les demandeurs d’asile accueillis dans le camp de la CRI (Croix Rouge Italienne) – Pakistanais, Afghans et Bangladais principalement- sont conduits peu à peu dans d’autres centres italiens. On dit que le camp de la CRI va être fermé.

Violences policières : lors d’une manifestation de migrants à la frontière le 18 avril dernier, cinq d’entre eux ont été mis en garde à vue, menottés et certains matraqués. L’un d’eux s’est retrouvé à l’hôpital et contraint à porter une minerve (source : Amnesty, dont la représentante qui vit à Menton était là vendredi matin).

Dans le train de retour : A la gare de Menton Garavan, 1ère gare après la frontière, la police est montée à bord, a contrôlé les identités de tous les passagers et ont fait descendre « manu militari » une dizaine d’Erythréens dont une jeune mère et sa petite fille. Il y avait près de nous un jeune et sa sœur. J’avais eu le temps de donner au garçon une feuille « je demande l’asile en France ». Il l’a montrée tout de suite à la policière qui lui a pris, l’a regardée et froissée aussitôt.  Pourtant un petit mouvement de solidarité s’était fait autour d’eux : les voisines du jeune homme lui avaient mis un magazine dans les mains pour le planquer et trois dames métis avait pris sa soeur entre elles, espérant la faire passer pour quelqu’un de la famille. Elles lui avaient aussi fait enlever sa parka, puisque tout le monde était en tenue d’été….

Immense tristesse de les voir tous sur le quai alors que le train repartait.

Voila ce qui se passe quotidiennement à la frontière.

Le 1er mai 2016
Source : La Cimade

Ajout du 2 mai 2015.
Voici la dernière nouvelle de Vintimille transmise par Amnesty International !
« Le camp CRI de la gare Vintimille a été évacué ce WE vers Gênes pour accueil des Demandeurs d’Asile en Italie.
La Croix Rouge retrouve dès aujourd’hui sa fonction d’accueil et de secours pour tout le monde, comme avant.
Les autorités se sont rendu compte que la situation était intenable à Vintimille avec 200 personnes/jour dans la rue. Caritas ne  pouvait pas suivre. »
Ce soir, on est contents… mais demain il faut voir !