Les ratés de la prise en charge d’une mineure étrangère malade

Une jeune étrangère mineure, sans famille en France, atteinte d’une  maladie demandant des soins constants, n’a pu obtenir le soutien et le suivi prévus par la loi que grâce à l’action de ses voisins et soutiens.

3 juillet 2015 . Scandale intégral! F, 16 ans dans quelques semaines, lycéenne du lycée Jean Perrin de Lyon,   est seule et malade depuis deux semaines au fond d’un hôtel de la presqu’île.  La MEOMIE, le service d’accueil de l’ASE sous la direction de la Métropole, le sait. Pourtant, une ordonnance délivrée par un médecin n’a pas été prise en charge par la référente, qui a dit ne pas pouvoir payer. F a donc été laissée sans médicaments et sans nourriture. Ne pouvant se déplacer jusqu’au restaurant, F serait en droit d’attendre que la MEOMIE qui la suit lui fournisse à manger. Mais non, chaque jour F attend la visite de ce service censé la protéger qui  ne vient jamais! Seule, la solidarité de ses camarades et la nôtre l’aident à tenir.
Ajoutons que pour connaître les causes de sa maladie, F  a dû se débrouiller toute seule.
Ajoutons aussi que si l’ASE oublie de soigner F aujourd’hui, elle n’avait pas oublié de convaincre un juge des enfants de lui prescrire des tests osseux en espérant trouver là une fausse preuve de majorité! Et après, il avait été interdit à F de se rendre à son ambassade à Paris pour faire la demande de passeport qu’elle voulait faire, dans l’attente des fameux tests osseux…
Nous avons ce jour adressé une demande urgente à la direction de l’ASE pour que F soit confiée à un foyer adapté à ses besoins!
***
8 juillet 2015 . Suite à notre interpellation de la directrice de la Protection de l’enfance et à sa réponse sibylline sur le suivi individualisé dont aurait bénéficié F, nous nous sommes rendus ce lundi avec F dans les bureaux de la MEOMIE et avons rencontré son assistante sociale référente.

Surprise! Tout était en train de s’arranger ce matin-là. La CMU venait justement d’arriver rendant tous les examens possibles et tous les médicaments accessibles ; des rendez-vous avaient été pris avec l’hôpital; un changement de structure d’accueil avait été envisagé…

La référente n’a rien nié de la situation d’abandon dans laquelle a été laissée F durant les trois dernières semaines. Mais ce n’est pas de sa faute, dit-elle.  Pas sa faute, mais celle de la CMU pas arrivée… Pas arrivée ou pas demandée ou pas réclamée,  on ne sait pas,.. En  en tout cas, l’attestation de CMU remise lundi fait démarrer la CMU le 27 mars, soit il y a trpis mois. Alors pourquoi F est-elle restée sans médicaments et sans aucune visite de son AS durant les 3 dernières semaines??? Nous nous félicitons que tout ça s’arrange, mais nous savons bien que ce n’est pas un miracle. Sans doute fallait-il que F soit épaulée face à une indifférence qui doit être dénoncée.

C’est le scandale des prises en charge provisoires – F est sous ce statut depuis le 8 avril et encore jusqu’au 30 septembre – qui est derrière tout ça. Qui dit « provisoire » dit  pas de droits : la couverture sociale attend, et pour la plupart la scolarisation aussi quand il n ‘y a aucun représentant légal pour signer les papiers.
Les MIE doivent bénéficier d’une couverture sociale dès leur arrivée sans attendre un placement définitif qui tarde et risque de ne pas arriver! Droit à la santé et à l’école pour tous! L’AME mineurs, ça existe aussi!

Et pourquoi F n’est-elle toujours placée que provisoirement???
Là, nous avons fait d’autres découvertes!
– Son entrée régulière dans l’espace Schengen  , avec un passeport, a été  tout simplement ignorée de la juge des enfants, et pourtant F a donné toutes les explications, mais la juge voulait et veut toujours  voir le passeport… Et quand F a demandé à la MEOMIE de l’aider à organiser son voyage jusqu’à son ambassade, la MEOMIE/ ASE a  répondu qu’elle n’aide pas les mineurs pour ces démarches.
– Plus gros encore, l’acte de naissance de F n’a même pas été joint au dossier transmis à la juge alors qu’il existe! La MEOMIE n’ignore quand même pas l »importance de la question..
– Alors, il ne restait plus que les tests osseux! Et c’est bien sûr vers eux que la juge, aidée de la représentante de la MEOMIE, et en dehors de toute assistance d’avocat,  a orienté la décision! Du coup, F est soit-disant sans papiers et sans âge certain et elle attend que les tests osseux, dont tout le monde sait qu’ils ne valent rien pour déterminer son âge, scellent son destin.

Nous dénonçons la responsabilité de la MEOMIE et de la Métropole dans la mise en attente, sans droits, et sous la menace de l’exclusion par les test osseux,  des MIE qui arrivent.
Ce sont ces organismes qui prennent les MIE en otages des politiques d’austérité et d’exclusion  du gouvernement et qui les livrent sans protection à des juges soupçonneux qui prononcent eux-mêmes des verdicts d’exclusion.

3-8 juillet 2015
Source : Collectif RESF Jeunes Majeurs 69