Après leur expulsion de La Chapelle, à Paris, les migrants ont été dirigés vers divers lieux en Île de France, à Nanterre (92), Colombes (92), Beauvais (60) entre autres. Les associations de solidarité locales tentent de leur venir en aide.
À
Nanterre (92), une délégation de militants locaux vient voir comment aider les réfugiés déposés près de chez eux
Une délégation du MRAP, d’élues, de militant-e-s du PCF, du MJCF, du Front de Gauche a rencontré dimanche 14 juin des réfugiés au Centre d’Hébergement des Personnes Sans Abri (CHAPSA) du Centre d’Accueil et de Soins Hospitaliers (CASH) de Nanterre.
Sur les 95 arrivés en fin de semaine à Nanterre, 70 étaient encore présents, venus du Soudan, d’Erythrée, du Tchad ou d’Ethiopie, tous demandeurs d’asile en France. Ces hommes sont arrivées en France au péril de leur vie, traversant pour certains, pendant des mois ou des années, des pays ravagés par la guerre et la misère, échappant à la mort en Méditerranée, aux refoulements illégaux aux frontières de l’ « Europe forteresse », puis laissés sans abris à Paris, jusqu’à devenir ces dernières semaines les victimes de violentes destructions policières, sur ordre du gouvernement, de leurs campements de fortune.
Ils nous ont dit avoir eu vendredi la visite de M. le Préfet, et même de M. le Ministre de l’Intérieur ( ?). Lundi, des « fiches » de demandeurs d’asile leur seront remises par la préfecture. Puis, ils seront répartis dans des Centres d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA) sur tout le territoire national. Mais l’insuffisance des places dans ces structures d’accueil fait penser que probablement cela demandera du temps. D’autre part, des centaines de réfugiés sont encore à la rue à Paris, notamment dans le 13ème arrondissement. Certains pourraient à leur tour se retrouver à Nanterre, ou dans d’autres lieux d’hébergements sociaux, dans les Hauts-de-Seine et d’autres départements.
Des personnels du CHAPSA se sont mobilisés, sacrifiant même leur dimanche, pour que les conditions d’hébergement soient les meilleurs possibles. Ce qui ne va pas sans créer des tensions et d’insolubles dilemmes. Des dizaines de personnes en situation de grande détresse sociale, dont l’accueil et l’hébergement est la mission du CHAPSA, ont dû appeler le 115, saturé, pour ne pas passer la nuit dehors. Les moyens sont en effet limités, et le devenir de l’ensemble du centre hospitalier est menacé par la politique gouvernementale d’austérité, comme le rappelle le maire de Nanterre dans un communiqué.
La délégation a quant à elle commencé à organiser la solidarité avec les réfugiés sur deux points essentiels :
– Aider à ce qu’ils gardent contact entre eux et avec les associations de soutien (échange de n°de tél. et mails), notamment avec le réseau qui se constitue autour de l’ASTI de Colombes et appelle au soutien avec une trentaine de réfugiés hébergés dans un foyer Adoma.
– Organiser d’urgence une collecte pour des produits de première nécessité (produits d’hygiène, sous-vêtements (hommes) et vêtements…) en complément de ce que peut faire le CHAPSA
Source : MRAP Nanterre
À
Colombes (92), une correspondance de l’ASTI (Aide et soutien aux travailleurs immigrés)
Source : ASTI
À
Beauvais (60), un article du Courrier picard
L’ambiance est tendue ce mercredi matin, devant l’hôtel Formule 1 de Beauvais, dans la ZAC du Ther. Une quinzaine de migrants, expulsés de la Chapelle, au Nord de Paris, ont été parachutés en Picardie. Livrés à eux-mêmes depuis le 2 juin, date de la première expulsion, ils ont été acheminés dans le cadre d’un dispositif de la préfecture de Paris, en collaboration avec les policiers. Si la majorité d’entre eux ont été hébergés en Ile-de-France, une poignée s’est retrouvée dans la ville-préfecture de l’Oise. Marre d’être baladés, les hommes sont à fleur de peau.
Dans les chambres du Formule 1, où le désordre règne, Habib, un Marocain de 24 ans, a passé plus d’un an dans le campement de fortune parisien : « La police nous a amenés ici le 2 juin, ils ont été sages avec nous, on n’a pas pris de coups. » Depuis leur arrivée il y a une semaine, ils ont bénéficié d’un seul repas par jour. Il a fallu attendre mardi 9 juin et l’alerte de l’association United (lire ci-contre), basée dans le Val-d’Oise, pour que des associations de solidarité locales s’activent.
« Ils semblaient avoir peu mangé »
La Croix-Rouge a été la première à offrir un colis d’urgence alimentaire avant-hier : « Ils avaient très faim et semblaient avoir peu mangé », confie la responsable sociale à la Croix-Rouge. Sans argent, difficile pour les migrants de pouvoir survivre par leurs propres moyens : « On a voulu chercher de la nourriture mais on ne sait même pas où se trouvent les magasins, quel bus prendre et comme on n’a pas d’argent, on a peur de se faire attraper », observe Houssen, un Algérien de 27 ans.
Mercredi, c’était au tour d’Emmaüs d’être sollicité, avec, comme dans les autres structures, ce même sentiment d’être pris de court devant l’urgence de la situation : « Ils devaient déjeuner, le midi, à la boutique solidarité », précise Sylvie Gaudin, la présidente d’Emmaüs.
Julien Marion, sous-préfet de l’Oise, rappelle que « cette prise en charge d’une quinzaine de migrants a été pilotée par le Samu social parisien ». Contactée hier, la direction de l’Oise du Samu social semblait apprendre la nouvelle, n’étant pas en charge de ce dossier d’un point de vue local.
L’hébergement de ces réfugiés de la Chapelle à Beauvais s’achève aujourd’hui. « Ils peuvent faire une demande d’asile qui sera examinée par nos services. Si la réponse est favorable, ils pourront bénéficier d’un hébergement », rappelle la préfecture de l’Oise.