Les travailleurs sociaux auxquels sont confiés des mineurs étrangers sont choqués du peu de cas que fait souvent l’administration de la situation de fragilité de ces adolescents déracinés.
Bonjour
Je suis éducatrice spécialisée au sein d’un foyer de l’enfance.
Nous accueillons depuis le mois de décembre 2014 un jeune ivoirien âgé de 16 ans 1/2.
Ce jeune devrait probablement être entendu par les services de police dans les jours à venir afin de vérifier une nouvelle fois son histoire et sa minorité.
Je dis une nouvelle fois car la procédure dure et traine depuis le mois de décembre.
En effet, ce jeune est arrivé en France en décembre 2014. accueilli au foyer le 24 Décembre 2014.
Suite à l’évaluation faite par le chef de service de la structure, pour qui il pensait que ce jeune n’était pas mineur, malgré la détention d’un extrait d’acte d’état civil avec une date de naissance en décembre1998, nous avons attendu la décision du procureur, durant plusieurs semaines.
Malgré nos sollicitations, le procureur a statué le 19 mars, soit deux mois et demi après son arrivée. il renvoyait vers le juge des enfants tout en demandant des expertises osseuses.
Le juge des enfants s’est positionné le 17 avril en faveur du jeune, en précisant
« Attendu que si les doutes existent quant à l’age exact du jeune du fait des incertitudes persistant sur l’authenticité de ses papiers et de la morphologie, le procureur l’a confié tout en sollicitant la réalisation d’investigations complémentaires….
Attendu que jusqu’à preuve du contraire, la minorité du jeune reste présumée, que ce dernier se trouve en situation de danger sur le territoire national …. il convient de la confier à l’ASE (Aide sociale à l’enfance) »
Aujourd’hui après plus de six mois de prise en charge, l’ASE nous annonce qu’il n’y aura pas de tests osseux mais une enquête de police.
Nous considérons que l’ASE s’acharne sur la situation de ce jeune, d’autant plus qu’il montre des efforts d’intégration par des stages, a peut-être décroché un apprentissage et ne pose aucun problème au sein de l’institution (bien au contraire !!!)
Comment pouvons-nous nous positionner en tant qu’éducateur d’internat ? Est-ce que cette enquête est légale ?
Nous sommes très inquiets des positions que peut avoir l’ASE face à ces mineurs isolés, qui ne prend aucunement en compte l’intérêt supérieur de l’enfant ; nous nous heurtons à des logiques politiques et financières.
J’ai transféré à mes collègues et à un plus grand nombre, la lettre ouverte du collectif de Défense des droits des MIE, nous nous retrouvons totalement dans leur plaidoirie.
5 juin 2015
Source: liste de discussion liée au site InfoMIE