Un article de Patrick Seghi (La Voix du Nord)
Froid, pluie, vent, grêle, neige… Pas la moindre trêve hivernale à l’horizon pour la douzaine de mineurs isolés étrangers accrochée au jardin des Olieux. Leurs conditions de vie deviennent de plus en plus extrêmes. « Le pire, c’est les pieds… »
Christian s’approche. Transi de froid. Le pire, « c’est les pieds ». Quelques chaussettes et écharpes ne seraient pas de trop… Ce samedi, une douzaine de mineurs isolés étrangers (MIE) s’accrochent à leurs petites tentes plantées au jardin des Olieux (nos éditions précédentes). Malgré le froid, le vent, la pluie, la grêle… Ils sont toujours là.
Estelle Rodes, adjointe et présidente du conseil de quartier de Moulins, s’était montrée très (trop) optimiste en assurant que « la trêve hivernale réglerait naturellement le problème ». L’affirmation, lancée lors de l’annonce de travaux sur ce jardin, n’avait pas manqué de surprendre. Le résultat est sans surprise. En fait de trêve, c’est la crève qui frappe. « Certains d’entre nous sont malades. On les soigne comme on peut », poursuit Christian entre deux méchantes rafales. Lui est venu du Congo « pour raisons de sécurité ». Comme tant d’autres, aux parcours relatés dans ces colonnes, il a été lâché par un passeur à la gare de Lille avant de croiser un étudiant ivoirien qui lui a refilé le tuyau. Le pire est de constater que le jardin des Olieux devient une base arrière pour enfants en détresse.
Les week-ends, de véritables périodes de tortures
« Les habitants du quartier continuent à nous aider. Le foyer Ozanam également », glisse le jeune Congolais. Restent les week-ends qui s’assimilent à de véritables périodes de tortures. «Les foyers sont fermés et à part se calfeutrer dans nos tentes, on ne sait pas quoi faire… » Difficile de tuer un temps aussi mauvais. D’autres réfugiés confirment les conditions extrêmes. «L’humidité nous empêche de dormir. On a peur que cela se dégrade encore plus avec l’arrivée de la neige… » Quelques-uns ont déjà pris leurs quartiers d’hiver, d’autres le large. « Dans des églises ou ailleurs. Ils se débrouillent comme ils peuvent pour ne plus avoir à dormir ici. » Les présents, emmitouflés, ont l’impression d’être livrés à eux-mêmes. « Nos dossiers n’avancent pas. » Six mois que la question occupe le devant de la scène. Que les saisons passent. De compliquée la situation devient désespérée. Avec un énorme malaise pour toile de fond, dévoilé par Émilie Dewaele, avocate : « Dans 95 % des cas, les minorités sont confirmées. »
22 novembre 2015
Source : La Voix du Nord
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