Chronique partielle (été 2015) des déplacements forcés à travers la France, tentatives d’expulsion à la clé, d’exilés soudanais, en prince inexpulsables en raison de la situation chaotique de leur pays.
28 juin 2015. Cinq migrants – trois Soudanais et deux Afghans – ont été transférés samedi matin par avion de Calais vers Rennes !
En huit jours, une trentaine de migrants de Calais ont ainsi été éparpillés dans plusieurs CRA (centres de rétention administrative) en France.
Encore une opération coûteuse et inutile, puisque ces migrants ont des OQTF sans pays de renvoi…
6 août 2015. Le vendredi 31 juillet, une personne de nationalité soudanaise a failli être expulsée au Soudan ! Monsieur X a été arrêté à Calais puis emmené au CRA de Oissel, la préfecture lui a donné un OQTF avec pays de destination Soudan, basée sur le fait qu’il aurait dit à la police qu’il venait de Khartoum.
A Oissel, comme à Paris et dans d’autres CRA, des rendez-vous quasi-systématiques avec le consul du Soudan sont pris et le monsieur en question a donc vu le consul. Le consul a délivré un laissez-passer, le premier pour une personne de nationalité soudanaise depuis septembre 2014 !
La cour européenne des droits de l’homme a été saisie et a rejeté la demande de suspension de l’expulsion. Avant son deuxième passage au JLD qui aurait pu décider de le libérer, Monsieur X a été emmené à un aéroport à Paris en vue de sa déportation le vendredi 31 juillet. Il a refusé sa déportation et a été ramené en rétention. Il a ensuite vu la cour d’appel du JLD qui l’a libéré.
Un appel au tribunal administratif a également été fait pour contester l’OQTF avec destination Soudan, appel rejeté par le tribunal. Les autorités peuvent donc tenter d’expulser Monsieur X à nouveau à n’importe quel moment s’il se fait arrêter !
C’est important de faire circuler cette information aux personnes que vous connaissez, et de médiatiser que la France déporte bel et bien au Soudan, et a failli réussir, il y a moins d’une semaine !
11 août 2015. Côté français et vu de Calais, les choses se sont considérablement aggravées. On est passé de placement en rétention de 5 jours, le préfet du Pas-de-Calais ne décidant pas la prolongation du temps de rétention au-delà, à un maintient en rétention quand les juges ne l’annulent pas, avec présentation à l’ambassade et réservation de vols pour Khartoum. Un exilé soudanais retenu au CRA de Oissel a refusé d’embarquer le dimanche 2 août.
Les Soudanais arrêtés à Calais sont généralement transférés vers
d’autres centres de rétention à l’issue de la retenue administrative, ou placés au CRA de Coquelles (près de Calais) puis transférés pendant le délais de 48h de recours devant le tribunal administratif, ce qui rend difficile le suivi et la mobilisation.
Côté britannique, un comité d’urgence présidé par David Cameron s’est réuni le 31 mai. On peut lire dans le compte-rendu :(traduit en français) : » Troisièmement, le gouvernement va continuer à collaborer étroitement avec le gouvernement français pour réduire le nombre de migrants à Calais et les incitations à ce qu’ils restent là. Ceci comprend une forte coopération sur les retours, avec un financement britannique et des vols conjoints vers des pays comme le Soudan. »
24 septembre 2015. Deux personnes soudanaises ont été expulsées au Soudan. Une personne soudanaise qui était au centre de détention de Coquelles, après avoir été arrêté à Calais, a été transférée ce matin dans un centre de rétention à Paris, puis emmenée à l’aéroport Charles de Gaulle pour être expulsée au Soudan. Et ce, bien que le tribunal administratif ait annulé le pays de destination inscrit sur son obligation de quitter le territoire français (OQTF), et que la préfecture se soit acharnée et ait réinscrit le pays, pour s’assurer que l’expulsion ait bien lieu !
Quelques heures après, dans le courant de l’après-midi, c’est une deuxième personne soudanaise qui a été emmenée à l’aéroport pour être à son tour déportée au Soudan. Arrêtée à Calais il y a une semaine, ce monsieur a d’abord été emmené au centre de rétention de Oissel, en Normandie, pratique régulière de harcèlement des exilés de Calais qui consiste à les éloigner, puis il été transféré à Paris pour y être expulsé.
Une personne soudanaise en rétention à Oissel est aujourd’hui menaçée d’expulsion, le consul lui a délivré un laissez-passer qui fait qu’il peut être renvoyé au Soudan à n’importe quel moment….
Puis on est passé aux opérations de dispersion dans des « centres de répit », vite rebaptisés centres d’accueil et d’orientation (CAO).
juin-septembre 2015
Sources : RESF35, Passeurs d’hospitalités,
Calais Migrants Solidarity,