Un jeune orphelin angolais travaille depuis cinq ans à construire sa vie, aidé par le système social français. L’administration ne l’entend pas de cette oreille.
A. est né le 25 août 1993 en Angola. Au vu du contexte politique difficile en Angola et des retombées directes sur ce jeune, son père étant décédé, sa mère et sa sœur ayant été portées disparues, il a fui ce pays. Il est arrivé en France, à Orléans, en tant que Mineur Isolé É
tranger en avril 2010. Il avait alors 16 ans et demi. Il a été pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).
Dès son arrivée, A. a été scolarisé dans une classe d’accueil au lycée P. Gauguin d’Orléans où il a suivi une formation « action de remobilisation FLE (français langue étrangère) » qu’il a réussie avec succès.
En 2011-2012, il est entré en Seconde Bac professionnel « section routière » au Lycée Maréchal Leclerc. Depuis peu en France, A. rencontrait des difficultés dans les matières générales. Il a donc préféré redoubler sa seconde afin de consolider ses apprentissages. Puis en 2013-2014, il est passé en Première, en ayant toujours beaucoup de difficultés. De plus, sa situation administrative l’empêchait de valider son permis de conduire, indispensable pour le passage en Terminale et l’obtention du Bac, dans cette section. Tout cela a contribué à démobiliser A. dans ses études. Mais en juin 2014, il a néanmoins présenté et obtenu son CAP dans le même domaine que le Bac qu’il préparait.
En août 2011, il a déposé une demande d’asile qui a été rejetée par l’OFPRA (office français de protection des réfugiés et des apatrides), ainsi que par la CNDA (Cour nationale du droit d’asile) le 15 mai 2012. Suite au rejet de la CNDA, il a reçu de la préfecture du Loiret un refus de séjour, avec Obligation de Quitter de Territoire Français (OQTF).
En lien avec sa scolarité, il a alors fait en avril 2013 une demande de titre de séjour, qui a également été refusée, avec OQTF, en janvier 2014. Son recours au tribunal administratif a été rejeté. Il est évident que cette situation ainsi que l’impossibilité de finaliser sa formation professionnelle ont été source d’angoisse pour ce jeune.
Il n’a pas fait appel de cette décision, préférant chercher un contrat d’apprentissage ou de travail, pour pouvoir présenter une nouvelle demande de titre de séjour en tant que salarié. Mais il est très difficile de décrocher un contrat de travail dans ces conditions…
Mercredi 13 mai 2015, il a été interpellé par la police et envoyé vendredi 15 mai, avec une nouvelle OQTF, au centre de rétention de Palaiseau. Ce mercredi 20 mai Il est passé devant le juge des libertés et de la détention, qui a prolongé la rétention pour 20 jours.
A. a aujourd’hui 20 ans. Il n’a plus aucun lien familial ou personnel dans son pays d’origine, qu’il a dû fuir. Toutes ses attaches sont maintenant ici, en France. Il souhaite travailler, être autonome et compléter un jour sa formation initiale mais sa situation administrative lui interdit ces simples projets.
En tant que jeune pris en charge par l’ASE, ayant préparé un diplôme professionnel et obtenu le CAP, à défaut du Bac, il aurait pu être régularisé à sa majorité. Il doit l’être maintenant, pour pouvoir chercher et trouver du travail, se projeter dans un futur stable et devenir autonome.
10 juin 2015. A. a finalement été libéré par le juge des libertés et de la détention à l’issue de sa première période de rétention de 20 jours. Ndlr. Il se peut que le préfet se soit heurté à l’impossibilité de s’assurer que le jeune homme serait réadmis dans un pays avec lequel tout lien a été rompu depuis des années.
20 mai – 10 juin 2015
Source : RESF Loiret