Plus de 200 personnes, parents d’élèves, enseignants et personnels d’établissements scolaires (écoles, collèges, lycées), citoyens, militants associatifs, syndicaux et politiques, élus… se sont rassemblées mercredi 11 février devant la préfecture à Marseille à l’appel du Réseau Education Sans Frontières (RESF).
La délégation reçue par le directeur du service de l’Immigration et de l’Intégration (M. Izquierdo) et une représentante du cabinet du Préfet (Mme Olivier) a pu aborder les cas de 5 jeunes majeurs sans papiers scolarisés en lycée et de 12 familles sans papiers dont les enfants sont scolarisés en écoles et collèges.
Une écoute attentive des représentants préfectoraux a été portée sur chacun des dossiers soumis.
Concernant les lycéens :
– 3 vont pouvoir déposer une demande de titre de séjour étudiant qui recevra un examen attentif de la préfecture. Positif.
– Pour les 2 autres qui sont encore en procédure d’asile : leur situation sera examiné à l’issue de leur demande d’asile, si celle ci était refusée. A suivre…
Concernant les familles :
– 2 présentes depuis 4 ou 5 ans en France : elles pourront voir leur dossier réexaminer à la condition de fournir des promesses d’embauche (ce qu’elles ont). Positif.
– 3 déboutées de leur demande d’asile (2 actuellement en recours, 1 de son recours mais réexamen possible), sans logement, actuellement mis à labri dans des hôtels pris en charge par les établissements scolaires : demande a été faite qu’a minima la prise en charge financière assurée par la préfecture au moins jusque la fin de l’hiver. Indiquant que le budget de prise en charge des demandeurs d’asile avait baissé de 15% cette année, les représentants préfectoraux ont dit que ce n’était pas possible. Face à l’insistance de la délagation, ils se sont engagés à interpeler le Préfet et la Préfète à l’Egalité des chances à ce sujet. A suivre…
– 2 familles déboutées de leur demande d’asile dont les mères ont déposé un titre de séjour “Etranger malade”: pourront se maintenir jusqu’à l’issue de cette demande dans le logement CADA (centre d’accueil pour demandeur d’asile) qu’elles auraient dû quitter une fois leur demande d’asile rejetée. Positif. Si elles obtiennent ce titre de séjour “Etranger malade” alors leur mari pourraient bénéficier d’un titre de séjour avec autorisation de travailler. Positif.
– 1 famille qui n’a pas vu sa situation régularisée malgré l’avis favorable de l’agence régionale de santé. La préfecture s’engage à revoir ce dossier. Positif/à suivre…
– 1 famille déboutée de sa demande d’asile, qui avait pu se maintenir en CADA depuis l’été 2014 le temps de l’étude d’une demande de titre de séjour “vie privée familiale” a essuyé un nouveau refus. La préfecture considère qu’ils doivent maintenant sortir de leur CADA. Nous avons demandé au moins qu’hiver se passe…
– 1 famille dans une situation inextricable (fuite d’Alep en Syrie, aucune possibilité de prouver sa nationalité, du coup refus d’asile mais impossibilité de l’expulser car pas de pays de destination !) : la préfecture s’engage à revoir ce dossier. Positif/à suivre…
– 1 mère comorienne de deux enfants français, dont le mari et père des enfants est français et vit à Marseille, a récemment reçu une obligation à quitter le territoire ! La préfecture s’engage à revoir ce dossier. Positif/à suivre…
– 1 beau père de deux enfants scolarisés en école dont la mère comorienne (carte de séjour de 10 ans) était présente dans la délégation. Monsieur est actuellement en prison à Luynes suite à un refus d’embarquement lors d’une tentative d’expulsion à Marignane après 43 jours au centre de rétention… Demande a été faite qu’il soit libéré à la fin de sa peine de prison, et non de nouveau enfermé au centre de rétention à fin d’expulsion (sa femme et les enfants de cette dernière ont besoin de lui; cas de double peine). A suivre…
Conclusions :
– la mobilisation de nombre d’établissements scolaires (pétitions remises, attestations écrites de profs, de camarades…), le rassemblement devant la préfecture ont redonné confiance à ces jeunes et ces familles. De fait la préfecture est maintenant au courant que nous les prenons sous notre protection, qu’aucune menace d’expulsion ne sera possible sans réaction.
– Au delà, cela a permis de mettre en lumière ces dossiers qui végétaient en préfecture. Beaucoup d’espoirs sont désormais permis pour ces jeunes et ces familles. Ils ne doivent pas être déçus. La vigilance s’impose dans les prochaines semaines et mois.
– L’urgence humanitaire demeure pour plusieurs familles, 7 enfants à ce jour, qui seraient à la rue sans l’intervention solidaire des établissements scolaires. La situation doit évoluer sans délai.
– 10 ans après la création du RESF sur Marseille, loin des clichés dans lesquels certains, certaines tentent d’enfermer cette ville, la solidarité active des établissements scolaires, des militants et citoyens pour le droit au séjour des jeunes scolarisés sans papiers et leurs familles, n’est pas démentie. Il serait temps que le gouvernement, dont le 1er ministre, le ministre de l’Intérieur et la ministre de l’Education étaient à Marseille la veille de ce rassemblement, autorisent le vivre ensemble, tous ensemble, avec les mêmes droits. La loi doit changer, et régulariser !
12 février 2015
Source : RESF 13