Monsieur S. est moldave. En 1999, il a été victime de tortures policières durant des semaines pour lui soutirer de l’argent. Libéré contre 3000 euros, il part en Russie, travaille et rembourse sa « dette ». En 2002 il rentre en Moldavie pour aider son père gravement malade, mais les policiers le retrouvent. Ayant peur de revivre la torture, il part pour la France, où il vit caché depuis 2003.
En 2011, monsieur S. rencontre une jeune femme arménienne, résidant régulièrement en France. Ensemble, ils ont une petite fille, née à Marseille en 2012, mais qu’il ne peut reconnaître faute de document d’identité.
Incarcéré en janvier 2013 pour escroquerie (il a acheté une voiture volée), il est directement conduit au centre de rétention administrative (CRA) à sa sortie fin novembre 2014. Sa compagne, qui atteste de sa paternité, vient depuis régulièrement au parloir avec leur petite fille.
Il a refusé son expulsion vers la Moldavie le 27 novembre et le 4 décembre 2014. Il n’acceptera de partir que lorsqu’il aura pu reconnaître sa fille. Dans le cas contraire il sait qu’il pourrait ne plus la revoir. La préfecture refuse de le laisser se déplacer sous escorte à la Mairie, comme de permettre à un officier d’état civil de se déplacer au CRA.
Jusqu’au bout de son placement en rétention, la préfecture a refusé à monsieur S. l’autorisation de reconnaître sa fille. Après deux tentatives d’expulsion échouées, il a été expulsé le 16 décembre 2014 – il risquait de se retrouver de nouveau enfermé à la prison des Baumettes (incarcéré en janvier 2013 pour escroquerie, voiture volée), ce que vraisemblablement il voulait plus que tout éviter.
17 décembre 2014
Source: RESF 13