Paris : Les lycéens solidaires continuent à aider leurs camarades sans toit.
«On arrive au bout de nos moyens», admet un militant de la Fidl. Depuis deux mois, le local de ce syndicat lycéen héberge entre dix et trente camarades sans papier et sans toit. Les militants sollicitent sans relâche les autorités pour qu’elles mettent à l’abri ces mineurs et majeurs scolarisés. Ce mardi, le syndicat a même interpellé François Hollande via une lettre publique. Et ce samedi, il appelle à un rassemblement devant l’Hôtel-de-Ville à 15h.
Si l’État, épaulé par la Mairie de Paris, a réussi en octobre à placer quinze lycéens SDF dans des internats et foyers, une solution pour les autres se fait attendre. «On se heurte à un mur, tempête Abir Adam, 16 ans, secrétaire général de la Fidl. C’est inacceptable que la Fidl soit obligée de prendre en charge des lycéens alors que c’est le rôle de l’Etat. Est-ce qu’ils attendent qu’un lycéen meurt de froid dans la rue pour agir?» De son côté, la Mairie de Paris souligne qu’actuellement 800 mineurs isolés étrangers sont pris en charge et scolarisés à Paris.
«Ce n’est pas un poulailler ici»
Mi-octobre, le destin de Cheick alarme les jeunes militants. L’adolescent, qui a failli être expulsé, est hospitalisé pour malnutrition car il vivait à la rue. Et l’intéressé d’expliquer qu’il n’a rien d’une exception. Depuis, des dizaines de lycéens sans papier se succèdent dans ces bureaux de 80 m2 où s’entassent draps, casseroles et sacs de riz. Ce mercredi encore, douze adolescents, l’un d’eux arrivé l’après-midi même, vont dormir sur une table, un matelas ou par terre. Car petit à petit, assistantes sociales, associations et camarades adressent les lycéens SDF au 9 bis rue Léon-Giraud (19e). «Ce n’est pas un poulailler, ici mais un local associatif», regrette Abir.
Sur la porte, les militants ont affiché l’adresse des deux douches publiques. Pour que les hébergés puissent se laver. «On n’était pas préparés à ça. On n’avait pas une plaque de cuisson, pas un duvet», reprend un militant de la Fidl. Grâce à un élan de solidarité et le soutien d’associations, certains ont pu dormir à l’hôtel et recevoir des tickets de transport.
«La priorité c’est de trouver à se loger»
«Les professeurs m’encouragent à venir en cours», raconte Hamidou, en classe d’accueil, mais parfois j’ai l’impression que c’est impossible d’étudier dans ces conditions. Mais c’est toujours mieux que la rue.»
«On rêve tous d’obtenir un titre de séjour, explique Abdoulaye, 16 ans et demi, qui a dormi dehors tout l’été. Mais la priorité c’est de trouver à se loger. Pour chercher à être régularisé, il faut avoir du temps. On avance étape par étape.» Lui vient de recevoir son affectation dans un CAP entretien et hygiène. «Mais j’aimerais travailler dans la peinture ou la restauration. Ici je cuisine pour tout le monde.» Les adolescents s’entraident et s’organisent pour que le système D reste supportable.
Exclus du plan grand froid
Un quotidien parsemé de moments festifs. «La semaine dernière on a vu PSG/Nantes au stade, sourit Hamidou. Je joue mieux qu’Ibrahimovic!» Ce mercredi soir, une association propose à ces mineurs isolés d’être hébergés chez trois familles en Corrèze pendant Noël. Car pendant les vacances, les militants auront encore plus de mal à aider leurs camarades. «On attend une réponse rapide et concrète des autorités, tranche Abir. Avec le plan grand froid, jusqu’à douze gymnases parisiens seront ouverts pour abriter les SDF à Paris. Mais comme ils sont mineurs, le 115 répond qu’ils ne peuvent être hébergés pour des raisons de sécurité… On a donc proposé qu’un gymnase leur soit réservé.»
Une piste étudiée par l’Etat et la Mairie de Paris. «L’ASE, l’État, la Mairie nous répondent qu’ils n’ont pas les moyens d’aider ces lycéens à la rue. On ne les a pas non plus et pourtant on se débrouille!»
12 décembre 2014
Sources: 20minutes.fr / FIDL, syndicat lycéen / 20minutes.fr