La caserne militaire désaffectée Busserade (Marseille 3ème) est désormais vide.
Ses occupants, une cinquantaine de familles roms, qui y avaient trouvé refuge il y a près d’un an, ont quitté les lieux avant même l’arrivée de la police le 3 juillet 2015 au matin.
Ce qui n’a pas empêché une centaine de personnes, militants associatifs, habitants du quartier, de se rassembler afin de manifester, devant la presse et les policiers, leur indignation.
(ndlr. Nous reprenons le texte paru le 2 juillet 2015 sur le site marseillais Mille bâbords)
L’urgence est maintenant de retrouver le contact avec ces parents et grands-parents, ces enfants, livrés à eux même dans les rues caniculaires de Marseille.
Seules quelques familles avec enfants en très bas âge devaient se voir proposer 6 nuits d’hôtel. Encore faut-il savoir où elle se trouvent actuellement… Et après ?…
De nombreux enfants étaient scolarisés en 2014-2015. L’enjeu est qu’ils puissent poursuivre leur scolarité, si possible dans les mêmes établissements. Mais ça, la préfecture et la ville de Marseille s’en moquent !
à suivre…
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Le Préfet décide, en pleine canicule et dans la précipitation, de faire expulser les occupants de la caserne militaire désaffectée Busserade (Marseille 3ème) vendredi matin 3 juillet 2015.
Le RESF appelle à un rassemblement devant la caserne (rue Massena) à 8h.
Il y a près d’un an, plusieurs familles Roms trouvaient refuge dans cette caserne abandonnée pour laquelle aucun projet ne verra le jour avant des années. C’est dire l’urgence de la décision préfectorale d’évacuer ce lieu, faisant suite à l’arrêté municipal de péril « imminent » notifié aux occupants le 30 juin. Cette décision constitue d’ailleurs un camouflet suite à la lettre inter-associative* envoyée au Préfet le 25 juin 2015 sur la situation des Roms dans le département.
Près d’une centaine d’adultes et autant d’enfants vont donc se retrouver à la rue, errants, en pleine vague de chaleur. Car il est fort à parier qu’une fois encore, rien ou quasi ne leur sera proposé en termes d’hébergement d’urgence, quelques nuits d’hôtel peut-être et encore pas pour tous. Pourtant la circulaire interministérielle du 26 août 2012 sur l’évacuation de campements illicites précise que « les difficultés sociales, sanitaires, scolaires, ou liées au logement doivent être systématiquement examinées le plus en amont possible et des solutions, temporaires ou durables, doivent être recherchées ».
Concernant la scolarisation des enfants, il est probable qu’ils ne puissent pas retrouver à la rentrée les écoles et établissements du secteur fréquentés cette année. Pourront-ils même poursuivre leur scolarité ailleurs ? Beaucoup d’efforts et de résultats, des adultes comme des enfants, risquent d’être mis à mal.
Cette logique de faire la chasse aux Roms tous les étés à Marseille est insupportable. Victimes de discriminations permanentes, l’É
tat et la Ville de Marseille, par leurs décisions, les maintiennent dans la précarité et l’insécurité permanente, ignorant les conditions nécessaires à leur insertion, notamment par le logement et l’école.
En se refusant de traiter la question, voire en l’instrumentalisant, on maintient cette communauté dans son rôle de bouc émissaire impossible à intégrer. On alimente par la même les conditions de tensions entre les citoyens.
Ne tombons pas dans le piège, grossier, qui tourne le dos au vivre ensemble et à la solidarité.
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Le 25 juin 2015, un large collectif de soutien avait demandé aux autorités « le maintien sur site tant que la fluidité du dispositif d’accueil des familles, marqué par certains blocages, ne permet pas d’apporter des solutions pour tous. Cela permet un accompagnement, un suivi dans des démarches professionnelles, éducatives et administratives.
Des conditions essentielles nous paraissent devoir être satisfaites : l’accès à l’eau, à l’assainissement, à l’électricité auxquels tout être humain doit avoir accès. De ce point de vue la ville de Marseille a pris des engagements, en adhérant à la charte élaborée par la FNARS, la Fondation Abbé Pierre et Médecins du monde ». Lire le texte complet de la lettre.
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Le 20 juillet 2015, le site Rencontres tziganes publiait une l’ article Caserne Massena-Busserade : retour sur une évacuation sans solution.
« Un squat, un bidonville, un camp, un campement illicite, c’est avant tout un lieu de vie.
La caserne Busserade, rue Masséna à Marseille, l’a été pendant 10 mois. Deux énormes et imposantes bâtisses, inoccupées depuis des années, ont abrité, dès le mois de septembre 2014, des dizaines de familles. Les unes venaient d’être expulsées de la bastide de Fontainieu dans le 14°, les autres d’un terrain, 124 bd Plombières. Chaque groupe a investi un bâtiment : « ceux de Fontainieu » le bâtiment en U, « ceux de Plombières » la grosse bâtisse carré. » Le texte complet est ici.
juillet 2015
Sources: Mille bâbords,
Rencontres tziganes