Tours: vraiment pas de quoi héberger les demandeurs d’asile?

C’est à Tours que ça se passe. Des demandeurs d’asile ont décidé de sortir de l’invisibilité dans laquelle l’État cherche à les maintenir. 33 d’entre eux ont dressé un campement au Sanitas, un square de la ville.

19 juin 2015. Des migrants posent leur tente à Tours
Un article de La Rotative régulièrement mis à jour fait le point sur la mobilisation.25 juin 2015. Occupation des locaux de l’Aide Sociale à l’Enfance
Après « entretien » famille par famille; des salariés de l’aide sociale à l’enfance remettent à chacune… un morceau de papier avec des « conseils » fumeux de démarches à effectuer! Sauf que ces familles ont déja effectuer ces démarches depuis deux mois !

Depuis le vendredi 19 juin, des migrants occupent un square de Tours. Le campement qui était désormais menacé d’expulsion a investi les locaux de l’Aide Sociale à l’Enfance de Tours pendant la matinée du 25 juin.

Communiqué suite à l’occupation des locaux de l’Aide Sociale à l’Enfance

« De l’aide !
Nous avons besoin de logements, nous voulons un toit.
Hier, nous avons été à la mairie, à la préfecture et aujourd’hui à l’aide sociale à l’enfance (ASE). Ils disent « Qu’ils n’ont pas de place pour nous ».
L’ASE nous renvoie vers des démarches administratives déjà faites. ( voir ci dessous). Alors que sa mission est de protéger tous les enfants et leur famille qui sont sur le territoire français car telle est la loi.
Tous les jours, nous allons voir les administrations (le 115, Pôle Emploi, ASE), les associations (CASOUS, croix rouge) et tous nous renvoient les uns aux autres : personne n’est responsable.
Cette situation qui nous oblige à être dans la rue à des conséquences graves sur notre santé et celle de nos enfants.
L’État exige beaucoup de documents mais il n’est pas possible de les protéger en vivant dans la rue. Nos enfants vont à l’école mais ils ne peuvent pas travailler normalement en vivant dans la rue. Vivre dans la rue c’est être toujours en danger et le stress est permanent. Nous ne pouvons pas même suivre les cours de français qui nous sont indispensables.
Nous sommes traités comme des animaux et pas comme des êtres humains.
Nous continuerons à lutter ! »
Les migrants du campement du Sanitas.

1er juillet 2015
Trois articles parus ce jour dans la Nouvelle République sur le campement des demandeurs d’asile au Sanitas.
1/ Article informatif sur les conditions terribles, notamment pour les enfants, dans lesquelles les demandeurs d’asile sont obligés de survivre au Sanitas.
2/ Un communiqué de la mairie, plutôt sur la défensive. Les responsables municipaux nommés dans cet article reçoivent cet après-midi des associations concernées par la prise en charge des demandeurs d’asile, notamment la “Coordination Migrants” dont le RESF37 est partie prenante.
3/ La palme de la mauvaise foi et du cynisme est remportée par le préfet Lefranc. Sa solution pour héberger les demandeurs d’asile ? Demander au 115 de mettre à la rue d’autres personnes, pour les remplacer par les enfants du campement… Et, pour faire bonne mesure, il accuse certaines associations de “faire venir” les migrants !!! !!! On a déjà entendu ça dans le passé, notamment contre le travail admirable que fait l’Association Chrétiens-Migrants qui assure une bonne part du suivi des demandeurs d’asile dans le département, sans aides ni subventions d’aucune sorte. Faut-il rappeler au Préfet que l’accueil des demandeurs d’asile est une obligation conventionnelle et constitutionnelle qui s’impose à l’Etat français. C’est parce que l’Etat est défaillant, voire coupable de non assistance, que des Assos se mettent en quatre pour accueillir ceux qui ont droit à cet accueil !!!

Ce soir, à partir de 18 h 30, rendez-vous de soutien au campement du Sanitas, derrière les locaux de Chrétiens-Migrants, allée de Luynes.

5 juillet 2015.  Appel du campement du Sanitas

Lors du prochain conseil municipal, comme lors de la dernière réunion concernant les associations sensées aider les personnes à la rue, il ne sera même pas question de la situation du campement du Sanitas.
Ce sera pourtant le 18 ième jour d’occupation du square, derrière le local de Chrétiens Migrants. Aucune solution n’est proposée. Mieux encore, des personnes logées en hébergement d’urgence se voient sommées d’en sortir : « vous n’avez qu’à aller camper avec les autres sous les tentes au Sanitas »…


Voici le texte écrit par les familles du campement.
Donnez à tout le monde une chance de montrer qui nous sommes, ce que nous voulons ici, les raisons pour lesquelles nous sommes venus.
Donnez-nous la dignité.
Nous sommes venus chercher cette dignité, le respect, l’éducation et la paix, que nous n’avons pas dans nos pays.
Sans papier, sans logement nous ne pouvons pas vivre.
Nous ne pouvons pas vivre non plus dans ces conditions, encore des mois ou des années. Nous demandons au maire et au préfet de venir vivre avec nous quelques jours pour comprendre la réalité de nos problèmes.
Nos enfants sont malades. Certains adultes aussi.

Nous appelons toutes les personnes solidaires à venir nous rejoindre LUNDI 6 JUILLET, à 16h00 au campement, où à 17h00 Place Jean Jaurès.

juin-juillet 2015
Sources : RESF 37, Droit Au Logement,
Chrétiens Migrants, La Rotative

 

Ce lundi 31 août à l’aube, une quarantaine de flics nationaux et municipaux ont débarqué sur le campement du Sanitas et ont évacué les personnes qui y dormaient sans leur laisser le temps de rassembler leurs affaires.
D’après nos infos, aux environs de 6h, des policiers sont arrivés sur le camp et ont réveillé les personnes qui y dormaient en donnant des coups de pieds dans les tentes. Les migrants ont appris qu’ils seraient hébergés quelques jours dans des hôtels — après quoi ils seront sans aucun doute rejetés à la rue. Ils ont été emmenés séparément en voitures de police, sans avoir eu le temps de regrouper leurs quelques affaires.
Tentes, vêtements, papiers, et même le fauteuil roulant d’une des enfants du camp auraient été mis en benne — benne dont on n’a pas la trace.
A 8h30, il ne restait plus rien sur le camp. Seuls quelques bouts de ficelle accrochés aux arbres, et les marques au sol des tentes qui étaient installées depuis 74 jours, rappelaient que des gens avaient vécu là. Il y avait aussi, sinistre, une peluche multicolore pendue à un arbre, rappelant que le camp comptait de nombreux jeunes enfants.
Apparemment, il n’y a pas eu d’arrestations. La décision aurait été prise par les autorités avant le week-end.

31 août 2015
Source : La rotative