Quand les associations militantes tombent dans la bureaucratie (2/2)

En écho aux analyses de sociologues résumées ici, des militants de divers horizons donnent le point de vue du « terrain ».

C’est tout à fait ça – et oui ! c’est un constat évident.
RESF n’est pas là pour être le bureau annexe des préfectures
on ne devrait pas accepter de faire les dossiers avec leurs exigences abusives ! Et les familles que nous aidons ne s’y trompent pas non plus.
Mais il ne reste plus que nous, d’où aussi cette dérive. Plus personne ne les aide dans les petites villes ; de nombreuses structures d’aide aux étrangers ayant fermé (même France Terre d’Asile à Pau), les demandes sont de l’aide basique
et beaucoup sont dépassés.
Tout se concentre sur quelques uns qui ne sont pas des militants syndicaux, politiques ou associatifs, qui s’opposent et qui font de l’humanitaire au sens noble du terme, mais ce qui n’est pas de la lutte.
Mais déjà, les aider comme ça pour suppléer à la carence des institutions devient un luxe (demande d’assistanat, d’argent, de payer les taxes, de les nourrir…. de les loger) qu’on ne pourra plus se payer bientôt.
On n’a plus du tout les militants pour fonctionner ; il est sûr que les reniements politiciens et les coups bas dès la victoire du PS aux élections ont dégouté les plus militants, et font que les gens ont perdu espoir dans la lutte.
Et ce n’est qu’un début, vu les lois scandaleuses pondues par le PS qui vont être votées sur l’asile et le CESEDA, et qui ne respectent même pas les textes internationaux et la jurisprudence la plus frileuse.
Il va falloir savoir ce que va devenir le RESF. Il devient manifestement ce que l’article indique ; de fait sa seule action nationale est de se transformer en un simple interlocuteur alibi du gouvernement. (ndlr. allusion au débat interne au RESF où certains préconisent les rencontres proposés par le ministère de l’Intérieur, tandis que d’autres pointent une manipulation du pouvoir).
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Tout à fait d’accord ; je ne suis pas du RESF mais au CSSP49 (Collectif de soutien aux sans papiers 49) et c’est un problème. Le RESF49, par contre, ne fonctionne plus de manière permanente mais se réactive à chaque tentative d’expulsion de collégien ou lycéen comme en ce moment.
La problématique n’est déjà plus la même pour nous (collectif sans papiers) qui avons domicilié individuellement un paquet de demandeurs d’asile et qui ouvrons des squats (nous en avons deux en ce moment); certains d’entre nous sont dans les tâches administratives par défaut, d’autres avec des rroms, moi plutôt dans le juridique… cela n’empêche pas cet aspect bouffe les assocs traditionnelles mais depuis deux ans, c’est elles qui se radicalisent (relativement, s’entend…). Les lycéens bougent également sur la question pour une de leurs camarades… je suis plus optimiste qu’il y a six mois.
1er juin 2015
Sources : LDH et RESF à Pau, CSSP49 à Angers