Une intégration brisée dans son élan pour d’obscures raisons administratives

Ce jeune était en cours de régularisation de son séjour. La préfecture « perd » la trace de sa démarche. Il sera expulsé vers un pays instable où il n’a plus personne.


21 aout 2015. Demain samedi 22 août est programmée l’expulsion vers la Côte d’Ivoire de A., 20 ans, élève du lycée Chaplin-Becquerel de Décines.Nous ne l’avons appris qu’au milieu de cette semaine :
A. a été arrêté à la gare de Bellegarde le 3 août dernier et mis en rétention au CRA St Exupéry immédiatement, suite à une OQTF sans délai du préfet de l’Ain.
A., arrivé en France en 2011 à 16 ans, alors que ça chauffait en Côte d’ivoire,  a été pris en charge par le Conseil général comme mineur isolé et bénéficiait jusqu’à maintenant jusque là d’un contrat jeune majeur.
A. a payé pour sa régularisation 230 euros après avoir obtenu un récépissé , mais la préfecture a perdu la preuve de ce paiement et refusé de délivrer les papiers attendus , sous réserve que la situation s’éclaircisse. Entre temps, il a été arrêté dans l’Ain alors qu’il se rendait à un rendez-vous pour le football…
A. a passé son CAP mécanique en juin au lycée Becquerel.
Son père a été assassiné en Côte d’Ivoire, sa mère ne réside pas régulièrement dans ce pays. A. sera seul et en danger s’il est reconduit en Côte d’Ivoire demain.
La Préfecture du Rhône et le gouvernement doivent stopper l’exécution de la mesure prise par le Préfet de l’Ain, parce qu »A. était en voie de régularisation et que  ce n’est pas  de sa faute si c’est la préfecture du Rhône  a mal géré son dossier de régularisation!

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Je viens d’avoir le jeune au téléphone.
A. ne souhaite pas retourner en Côte d’Ivoire‎. Il compte rester en France et nous permettre d’interpeller massivement la Préfecture (mails à celle-ci, rassemblement devant).
Il est extrêmement inquiet de devoir repartir dans ce pays qu’il ne connaît plus, ou il n’a aucune attaches, ‎sans rien…
Comment peut-on laisser faire ceci sans bouger ?! Comment laisser un jeune partir dans de telles conditions, sans sourciller ?!
Il compte sur nous, sur le RESF pour tenter de rester en France.

22 août 2015. Ce samedi matin A. a été réveillé à 4 heures et conduit à l’avion. Comme il a demandé à voir le commandant de bord et dit qu’ il ne voulait pas partir en Côte d’Ivoire où il n’a personne, il a été ramené au CRA. C’était la 1ère tentative d’expulsion. D’autres risquent de suivre.

28 août 2015. A. est passé devant le JLD ce matin pour la 2ème fois. Prolongation de la rétention et nouveau billet pris pour expulsion dimanche.

30 août 2015. Nous avons obtenu une audience prévue mardi 1er sept. à 10h avec M. JL Amat, sous préfet; nous lui ferons part de notre détermination à défendre A. et deux autres jeunes menacés d’expulsion pour leur permettre d’effectuer leur rentrée scolaire et lui annoncer qu’un rassemblement de soutien sera organisé devant la préfecture mercredi 9 septembre à 17h à l’appel du RESF Rhône.

4 septembre 2015. Et pour A., c’est ce dimanche qu’ils veulent le mettre dans un avion pour la 2ème fois. A. n’a personne à Abidjan. Aujourd’hui, il était extrêmement inquiet à l’idée de se retrouver peut-être seul et sans rien dans le rues d’Abidjan. Et tout ça après avoir couru pendant des  mois après un titre de séjour accordé sur le papier mais jamais délivré. Il a sur lui une attestation de la préfecture lui signifiant ces jours que la somme versée pour le timbre fiscal doit lui être remboursé. Quand et où???

6 septembre 2015. Ce matin, A., 20 ans,  a été amené attaché, encadré de 8 policiers, à l’aéroport Saint- Exupéry, puis mis dans un avion pour la Côte d’Ivoire à l’aéroport Charles de Gaulle.
Il semble que l’avion n’ait pas pu décoller pour des raisons techniques. A. a été débarqué et emmené dans un nouveau centre de rétention proche de l’aéroport Charles de Gaulle. Ce soir A. dort dans ce centre, ne sachant pas quand la police reviendra le chercher muni d’un nouveau billet… Torture que toutes ces attentes depuis le moment d’arrestation fin juillet à la gare de Bellegarde…
Vous pouvez adresser une ultime protestation aux préfets de l’Ain et du Rhône à l’origine de l’OQTF qui a mené à cette expulsion  au terme d’un imbroglio administratif des plus détestables ayant permis à A. d’espérer  sa régularisation entre mai 2013 et fin 2014.
L’hypocrisie de la Préfecture du Rhône est sans nom puisque cette dernière permet à A. de partir muni d’une attestation de la Préfecture stipulant le 28 août qu’il convient de lui rembourser les 230 euros de son timbre alors qu’elle le  fait expulser quelques jours après, évidemment en lui volant les 230 euros.

14 septembre 2015. A. a été expulsé en Côte d’Ivoire au bout de 41 jours de rétention, à la troisième tentative, et débarqué sans rien, dans un pays qu’il a quitté orphelin après l’assassinat de son père.

21 août-14 septembre 2015
Source : RESF 69