Sans papiers et prostituées, deux raisons pour être ciblées par la police

La répression envers les sans-papiers, qui s’est intensifiée ces derniers temps à Paris, vise également, mais de manière moins médiatisée, les femmes qui se prostituent à Belleville. Certaines ont été mises en rétention.

Ce sont des femmes d’origine chinoise et majoritairement sans papiers. Le harcèlement policier dont elles sont régulièrement victimes sous couvert de « délit de racolage » a souvent été dénoncé, mais il a franchi une étape supplémentaire depuis le 20 mai 2015, puisque depuis cette date, un véhicule de police stationne en permanence entre 9h-10h et 22-23h place Belleville, avec un contrôle systématique des femmes qui sont dans la rue.
Ces contrôles se déroulent quasiment tous de la même manière : contrôle des papiers, prise en photo de ceux-ci avant de les déchirer, prise en photo du visage de la femme contrôlée. En conséquence, les femmes n’osent plus sortir, même pour aller faire des courses, et ne peuvent plus travailler.
Par ailleurs, cette répression a encore franchi une étape il y a deux jours, puisque si elles n’étaient jusque là pas arrêtées, plusieurs femmes ont depuis été conduites en Centre de Rétention.

Seule la solidarité nous permettra de mettre en place un rapport de force suffisant pour obtenir la fin de ce harcèlement policier, harcèlement qui résulte évidemment tant des priorités nationales de lutte contre l’immigration que des volontés de la mairie de Paris d’en finir avec les femmes qui se prostituent à Belleville (et ailleurs) afin de parfaire la gentrification de ce quartier.
La lutte contre la prostitution doit cesser d’être un outil de lutte contre les immigrées.

En concertation avec les Roses d’Acier, le collectif des femmes chinoises qui se prostituent à Belleville, nous souhaiterions donc mettre en place un espace qui réunirait les organisations et collectifs intéressés pour les soutenir et dénoncer à leurs côtés la répression dont elles sont victimes.
Face à l’urgence de la situation, il nous paraît en effet nécessaire d’aller au-delà des divisions habituelles sur le sujet (pour ou contre la pénalisation des clients, « prostitution » ou « travail du sexe », etc) : dans cette optique, nous aimerions vous convier à une assemblée générale le JEUDI 18 JUIN à 19h (le lieu vous sera précisé prochainement), afin de discuter ensemble, avec les femmes concernées, des possibles stratégies de solidarité et de luttes, qui pourront d’ailleurs s’inscrire dans la continuité des mobilisations actuelles autour des réfugiés de la Chapelle.

14 juin 2015
Source : un appel ayant circulé sur une liste « travailleurs sans papiers » parisienne